Terre âcre et noire
Sur mes épaules ton ciel
Inconsolable
H15
L’herbe trop verte
Le chien qui ferme les yeux
Sur le ciel retors
H14
Tous ces abandons
Tant d’offrandes et de souillures
La source est tarie
H13
En ce matin clos
Porte ouverte sur l’abîme
Il suffit d’un pas
Le ver musical et la petite lumière rouge
« Now you get what you want
Do you want more ? » Bob Marley
Un ver musical qui n’a cessé de sonner dans mon esprit depuis plusieurs mois. Je savais très bien ce qu’il signifiait. Il n’était pas le fruit d’une écoute fortuite de cette chanson de Bob Marley. Non, il était l’expression de ma petite lumière rouge. Cette petite lumière rouge qui s’allume dans mes pensées lorsque des choix importants dans ma vie se présentent et que je m’apprête à opter pour le mauvais d’entre eux. J’ai toujours écouté cette petite lumière rouge, de manière instinctive, et à chaque fois, bien m’en a pris. Cette fois-ci je ne l’ai pas écoutée. Il y a eu ce ver musical, mais aussi d’autres alertes au fil de certaines conversations, certaines lectures, lorsqu’un malaise fugace venait troubler ce que je pensais être des certitudes bien réfléchies. Quand s’ouvrent des failles sur nos miroirs intimes les plus froids, nous demeurons aveugles face à la tentative de lucidité qu’ils nous reflètent. L’orgueil, la colère, ou bien l’envie, le désir, nous crèvent les yeux. La stupidité, somme toute.
H12
Mes doigts sont fanés
Je veux les faire repousser
Aux soleils d’ailleurs
L’enseignante
Ne voulant déroger tu me refusais ta langue
Alors j’ai pris tes seins
Tes petits seins souples et pointus
Bien dociles sous ma langue servile
Et ce que nous fîmes ensuite est otage de la nuit
H11
La pierre sur le cœur
Au corps cloué sur le lit
Lie de vent mauvais
Gravité
Les lieux gardent la présence des êtres aimés
Ils résonnent encore de leurs paroles
Ils vibrent encore de leurs gestes
Leurs rires se cachent dans les mouvements de lumière
Leurs pleurs s’attardent sur les vitres pluvieuses
Tous ces signes tressent le nid hors duquel nous ne sommes plus que des fantômes perdus
Le répit des montagnes
Couchants triomphants
soleil satisfait rouge rasant
Lents nuages chagrinés
la pluie les rus apaisés
Etoiles chuchotis
commérages satin neige
Montagnes vous êtes miroirs de l’âme du ciel
Auprès de vous le temps n’est plus lui-même